Pour tous les passionnés de cyclisme, le Giro évoque mythes et légendes. Pour cette 98ème édition, le peloton s’élancera demain de San Lorenzo et après moult péripéties ralliera Milan le 31 mai prochain. Alors que la chaleur italienne commence à se ressentir, du côté de la rédaction, on décide clairement de se mouiller ! Découvrez qui sont nos favoris et les pépites sur lesquelles nous misons pour ce premier Grand Tour de la saison !

Nos favoris déraillés

(Photo : Team Sky)

Leopold König

Bon, on ne va pas se mentir, Richie Porte s’avance vers son 3ème Giro avec un capital confiance au plus haut. Victorieux des trois dernières courses par étapes auxquelles il a participé (Paris-Nice, Catalogne, Trentin), tout porte à croire que l’ancien triathlète sera le challenger principal d’Alberto Contador dans la course au maillot rose.

Mais, parce qu’il y a un MAIS, l’Australien pourrait vite déchanter. Il n’a à peu près aucune référence valable sur une épreuve de trois semaines, mis à part sa 7ème place sur son premier Giro il y a déjà cinq ans, couru sans pression et sans panache. Et comme c’est quand même un peu le bordel chez Sky depuis le début de la saison, c’est évidemment Leopold König qui saura le mieux tirer son épingle du jeu.

Coureur complet, taillé pour performer sur les grands tours, il a signé ces dernières années une Vuelta prometteuse (9ème en 2013) et un Tour de France plus que réussi (7ème en 2014). Recruté cet hiver par le Team Sky pour intégrer l’habituel rouleau compresseur censé écrabouiller les cols pour Porte et/ou Froome, le Tchèque, ancien leader d’une équipe NetApp plutôt faiblarde, saura se débrouiller seul et assumer son nouveau rôle une fois que Porte aura explosé en vol et que les autres équipiers seront éparpillés un peu partout dans la botte italienne, façon puzzle. Vous vous souviendrez que c’est ici que vous avez lu qu’il ferait craquer Contador sur les pentes du Colle delle Finestre, la veille de son sacre en rose à Milan. LA grosse côte de ce Giro, c’est lui.

Par Tibaldi

(Photo : Movistar)

Beñat Intxausti

Astana a Aru, Saxo a Contador, Sky a Porte, Ettix a Uran… et Movistar ? Valverde ? Non. Quintana ? Non, le tenant du titre ne s’est pas déplacé sur le Giro cette année, en son absence l’équipe espagnole a quand même le dossard numéro 1 et il s’agit de Beñat Intxausti, qui hérite du statut de leader. Et derrière les quatre grands favoris, derrière les italiens, derrière les colombiens, derrière les jeunes en forme (Zakarin, Küng, Paterski, Landa, Geniez, Matthews…), l’espagnol est l’homme à suivre. Habitué des belles prestations sur le Giro, huitième et vainqueur d’étape en 2013 lors de sa dernière prestation (son meilleur résultat en GC), le Basque sera pour la première fois cet année le leader de Movistar sur un Grand Tour. Son passé sur le Giro, son âge (29ans), et surtout ses performances en 2015, lui ont permis de gagner cette place de numéro 1, bien épaulé par un Anton, Izagirre ou encore le petit frère Quintana, il peut frapper un grand coup ! Certes il sera très dur pour lui de remporter le Giro, mais une victoire d’étape et un top 5 à Milan seraient le signe d’un Giro réussi, ses performances en 2015 (deuxième du général de la Vuelta a Castilla y Leon, troisième du Gran Premio Miguel Indurain et de la Ruta Del Sol) l’attestent, l’espagnol a peut-être enfin passé un cap il ne lui reste plus qu’à concrétiser.

Par Sergeï

Davide_Formolo_
(Photo : Cannondale)

Davide Formolo

Quel est le point commun entre Christian Vandevelve, Bradley Wiggins, Ryder Hesjedal ou encore Tom Danielson ? Tous ces coureurs ont, sous la houlette de Jonathan Vaughters obtenus leur meilleur résultat au classement général sur un Grand Tour. A l’exception c’est vrai de Danielson qui chez Discovery, obtenu un premier Top 10 sur la Vuelta 2006. Cette dernière exception mise à part, avouez que Vaughters sait y faire pour faire briller ceux que l’on n’attend pas sur un marathon de trois semaines. Alors, quand on présente quelques dispositions dans les courses à étapes, on a de quoi se dire qu’avec le directeur sportif américain, on a là une superbe occasion de casser la baraque. Vous voyez à qui je pense ? Non ? Mais il s’agit de Davide Formolo, mon favori déraillé à suivre sur ce Giro. A 22 ans à peine, le jeune sociétaire de la Cannondale-Garmin sera le candidat idéal au maillot blanc du meilleur jeune et peut rêver pourquoi pas de vie en rose ? Incongru ?? Pas tant que ça, jugez plutôt.

8ème du Giro Bio (le Tour d’Italie amateur) et 4ème du très relevé Tour du Val d’Aoste en 2012, 2ème en 2013 de cette même épreuve avant de prendre la 6ème place du Tour de l’Avenir, le petit conservatoire du Tour de France, avouez que l’on a là un pédigrée des plus intéressants. D’autant que lors de sa première saison chez les pros l’an dernier chez Cannondale, Formolo nous a offert quelques prestations des plus intéressantes : 4ème du Tour de Turquie (avec une 11ème place à Elmali et une très belle 2ème place à Selcuk) ou encore 7ème du Tour de Suisse, différents signes que ce coureur longiline (1m81 pour 62kg) est d’une grande régularité et semble doté de belles facultés de récupération.

Alors certes, son début de saison 2015 est poussif (14ème du Tour d’Algarve, 27ème de Tirreno, 14ème de l’International ou 24ème au Pays-Basque) mais il est allé au bout de ces différentes épreuves par étapes, histoire de se faire une bonne caisse pour avaler les trois semaines à venir sur la botte italienne. Et puis n’oubliez pas que Vaughters sait y faire pour mener ses hommes au plus haut-niveau. Demander à l’ami Hesjedal, vainqueur du Giro 2012, ce qu’il en pense. Alors Davide Formolo révélation du Giro 2015, je vous en fais le pari !

Par Olivier

Nos pépites

(Photo : Team Lotto-Soudal)
(Photo : Team Lotto-Soudal)

Louis Vervaeke

Si l’on se réjouit avec un maximum de chauvinisme, à tort ou à raison, de l’émergence d’une nouvelle génération de coureurs français prometteurs et culottés, les Belges ne sont pas en reste. Après le talentueux Tiesj Benoot, révélation des classiques flandriennes, voici venu son camarade Louis Vervaeke. Ce duo avait fait un carnage sur la Ronde de l’Isard il y a un an, avant que Vervaeke ne se charge de s’imposer en solo lors de la dernière étape du Tour de l’Avenir. Passés professionnels ensemble en 2015 chez Lotto-Soudal, chacun d’eux semble avoir trouvé sa spécialité : à Benoot les pavés, à Vervaeke les cols et côtes.


Annoncé comme le nouveau Van den Broeck (pas sûr que ça soit un bon présage…), Vervaeke sera justement chargé de seconder son leader sur ce Giro, aux côtés de Monfort et Armée, mais aussi de tenter des coups en montagne en se glissant dans les échappées pour mieux exprimer ses qualités de grimpeur. Et comme VdB va forcément chuter et abandonner à un moment ou un autre (ça lui est quand même arrivé trois fois sur ses quatre derniers grands tours !), le jeune talent belge aura tout le loisir de se révéler à l’Italie et au reste du monde. Son début de saison discret laisse à penser qu’il aura suffisamment de fraîcheur pour encaisser les trois semaines de course et briller quand bon lui semblera. Messieurs Pinot, Barguil, Bardet, attention la relève est déjà là, et elle vient d’outre-Quiévrain…

Par Tibaldi

(Photo : Bardiani)

Enrico Battaglin

Neveu éloigné de Giovanni Battaglin (vainqueur d’un Giro, d’une Vuelta, six fois vainqueur d’étapes sur des Grands Tour, meilleur grimpeur du Tour 1979), le petit italien éspère marcher dans les traces de son illustre aîné : à seulement 25 ans et trois ans chez les pros il a déjà remporté deux étapes du Giro, et terminé troisième d’un Grand Prix de Lugano. L’italien a très vite explosé chez les amateurs raflant des dizaines de courses en 2010 et 2011, chez les pros il signe sa première victoire dés sa cinquième course. Il va vite au sprint mais surtout passe très bien les bosses, son seul point faible ? Pour le moment il n’a aucun résultat significatif hors de son pays, mais peu importe il est sur son Giro, et pour sa quatrième participation il vise une troisième victoire d’étape. Cette année le parcours lui offre de très nombreuses opportunités de venir viser des victoires sur les étapes vallonnées risquant d’arriver en petit comité… Dans un bon jour il aura de très nombreux adversaires parmi les Gilbert, Matthews, Gerrans, Visconti, Gatto, Meersman, Ulissi, Paolini ou Cunego qui tenteront eux aussi leur chance, mais nul doute que l’italien, s’il en a l’opportunité, saura régler tout ce petit monde au sprint. Preuve en est sa victoire en 2013, sous la pluie après 246 km de course règlant un groupe d’une quarantaine contenant tous les favoris du Giro, du costaud (https://www.youtube.com/watch?v=vIQG9kfKu6A) !

Par Sergeï

(Photo : IAM Cycling)
(Photo : IAM Cycling)

Sylvain Chavanel

A bientôt 36 ans, Sylvain Chavanel s’en va découvrir enfin le Tour d’Italie. Et il en profitera pour agrandir sa collection de maillot de leader sur les Grands Tours. Au jaune du Tour 2010 et au rouge de la Vuelta 2011, notre mimosa national va ajouter le rose sur ce Giro 2015. Pourquoi ? Parce qu’en mai, Sylvain et le rose c’est toute une histoire. Bon…Il s’agit là du maillot rose des 4 jours de Dunkerque que Sylvain s’offrit à 2 reprises du temps de sa fougueuse jeunesse (2002 et 2004), mais ça reste un maillot rose avant tout. Vous me rétorquerez qu’aveuglé par mon chauvinisme, j’en oublie que Chavanel va déjà vers ses 36 printemps et qu’il en est moins explosif. Oui mais, souvenez-vous qu’en 2013, un autre néophyte de 36 balais s’est offert un maillot rose comme cadeau de bienvenue sur le Giro, le barbu Luca Paolini. La 3ème étape entre Rapallo et Sestri Levante présente le profil idéal pour Chavanel. Cette courte (136 km), étape de moyenne montagne présente dans son final une descente de 20 km, celle de Barbagelata (un col de 2ème catégorie) avant une portion de 25 km de vallée pour rejoindre l’arrivée, un terrain de jeu pour Chava. D’autant que les favoris ne se découvriront pas aussi tôt dans la course, l’Abetone (première arrivée au sommet) se présentera 2 jours plus tard, pas question pour Contador, Aru, Porte et Cie de se livrer vers Sestri Levante. Et puis, cela fait 16 ans qu’un français ne s’est pas paré de rose (Jalabert en 1999), on a donc le droit de rêver hein ?

Par Olivier

Et vous, vos favoris et pépites pour ce Tour d’Italie ?