Depuis quelque temps, on savait qu’un Français pouvait remporter rapidement un monument du vélo. On se demandait juste quel coureur, sur quelle course et surtout quand cela allait arriver. Il faut dire que tout le monde l’attendait. 19 ans que le cyclisme français était en quête d’un mythe. A l’orée de la saison 2016, Bouhanni, Alaphilippe, Gallopin, Bardet, Pinot étaient les noms qui revenaient le plus souvent dans ce besoin qui devenait obsessif.

Mais il faut bien reconnaître que celui d’Arnaud Démare se faisait de plus en plus rare dans cette liste. La faute à une saison 2015 décevante et à des jugements trop hâtifs. Le symbole d’une époque où le temps semble constamment compté même pour un gamin de 23 ans qui avait encore bien des choses à apprendre.

Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il apprend vite. Après un an de déceptions, de malchance et donc forcément de doutes, il vient de remporter à seulement 24 ans, (24 ANS !), Milan-San Remo. C’est difficile à croire tant l’attente a été longue mais on ne va pas se mentir, ça valait presque le coup de patienter vu le pied qu’on a pris.

Depuis Jalabert sur la Lombardie en 1997, aucun français n'avait remporté de monument cycliste. Merci Nono (Photo: Frédéric Mons - L'équipe)
Depuis Jalabert sur la Lombardie en 1997, aucun français n’avait remporté de monument cycliste. Merci Nono (Photo: Frédéric Mons – L’équipe)

Pourtant, au moment de chuter au pied de la Cipressa, les mauvais souvenirs de 2015 ont dû ressurgir dans la tête du Picard. Là où le Arnaud Démare de l’an dernier n’était pas parvenu à revenir au contact, cette année il a réussi puis il a fait mieux que résister dans le Poggio avant de déposer tout le monde sur la Via Roma. Dans cette victoire, il faut forcément aller trouver des réponses dans les moments difficiles de 2015 et peut-être aussi dans ce succès d’étape sur Paris-Nice, anecdotique au demeurant mais qui a forcément débloqué quelque chose là haut.

Rappelons qu’en 2012, il avait déjà donné un second souffle à tout le monde en remportant la Vattenfall Cyclassics. Cela faisait dix ans et la victoire de Jalabert à San Sebastian, que les coureurs tricolores étaient à la peine sur les classiques y compris de  »second rang ». A l’époque, il nous avait sorti d’une période d’asphyxie où tout amateur de cyclisme français était aux anges après le top 10 d’un des leurs sur une épreuve du genre.

En remportant l’un des cinq monuments du calendrier UCI, 19 ans après Jalabert au Tour de Lombardie, Arnaud Démare offre au cyclisme français une énorme bouffée d’oxygène. Il s’offre le droit d’être complètement libéré pour la suite de sa carrière, donne aux autres coureurs français l’envie encore plus forte de réaliser à leur tour des exploits du genre. Et il offre à toute une génération de fans frustrés par les années 2000, la sensation retrouvée de crier sa joie devant sa télévision. Et le meilleur reste à venir !