De tous les livres sur le cyclisme qui sont sortis dernièrement, il en est un qui a choisi d’aborder une autre thématique que le Maillot Jaune, le Tour de France, ou encore un personnage clé de l’histoire de ce sport. En axant son récit sur les équipiers, en étant, notamment, en immersion avec l’équipe de France lors des Mondiaux à Innsbruck, Grégory Nicolas a choisi de parler de ces coureurs qui travaillent dans l’ombre. Et c’est réussi.

Il faut le dire. Avoir tout un bouquin sur des coureurs qui ne gagnent pas tellement, qui ne se démarquent ni dans la montagne ni dans les sprints, au début ça peut rebuter un peu. Pourtant, c’est ce qui démarque Équipiers de ses camarades dans les librairies. Car Grégory Nicolas, cycliste dans ses plus jeunes heures, a su trouver les bons interlocuteurs pour parler de leur place dans le peloton. Évoquer leur rôle dans une équipe quand ils ne sont pas leaders, et qu’ils aident un coureur à gagner des courses.

Au fil de la lecture, on découvre cette facette du peloton. Ces coureurs qui travaillent dans l’ombre pour placer leur leader dans d’idéales dispositions. Dans son livre, Grégory Nicolas se base sur des témoignages pour glisser le lecteur dans les coulisses d’une équipe. Le témoignage de Perrig Quemeneur, qui gagnait tout dans les catégories de jeunes, et sa place sur le Tour 2011, quand Thomas Voeckler termine 4e, par exemple, est ce qui rend le récit de l’auteur passionnant. Ou encore celui des frères Turgis, lors de leur entrée dans le vélodrome de Roubaix, de quoi donner des frissons.

Un récit offrant une proximité

Car oui, ce livre sur ceux qui l’on nomme parfois les porteurs d’eau se dévore. Grégory Nicolas y parle de son vécu, mais il a également su recueillir des paroles de coureurs qui sont parfois drôles, et parfois touchants. Puis, comment ne pas parler de cette dernière partie, consacrée aux championnats du Monde à Innsbruck (Autriche), où l’auteur a pu suivre l’équipe de France. Partageant du temps avec Romain Bardet, Thibaut Pinot, Julian Alaphilippe, ou encore Cyrille Guimard. Cela donnerait envie d’aller boire une bière avec les deux, et de partager leur discussion. À l’heure où les regards sont tournés vers le Yorkshire, théâtre des Mondiaux 2019, difficile de ne pas repenser à ce passage, et à ce moment où des coureurs de renom ont mis leur égo de côté pour se sacrifier à leur tour. Se mettre dans la peau de ceux qui se battent pour eux tout au long de l’année. Poétique.

Équipiers regorge de témoignages intéressants, et le récit, tel qu’il est construit par Grégory Nicolas permet au lecteur de passer de chapitre en chapitre en un rien de temps. Un vrai plaisir. Et une chance, aussi, de pouvoir boire les paroles de coureurs qui ne sont pas les plus en vue dans les courses. Équipiers aborde également les tracas de certains, et les problèmes de santé, tels que l’anorexie. Le tout, avec un auteur qui utilise un langage qui donne un sentiment de proximité avec celui qui lit. Tout au long de la lecture, on a l’impression de parler avec les « héros » choisis par le narrateur. Bref, ce livre, si vous ne l’avez pas encore lu, n’hésitez pas à le faire !

Équipiers, de Grégory Nicolas, chez Hugo Sport, 17,50€