À l’évidence, on ne peut plaire à tout le monde et ceci s’applique à celui qui depuis 20 ans déjà réalise le Tour de France. Mais cela ne doit pas empêcher une remise en question. Nous parlons bien sûr de Jean-Maurice Ooghe qui en 1997, avait la lourde tâche de succéder à des maîtres de la réalisation. Pierre Badel d’abord, qui dès 1985 apporta un vrai coup de fouet à l’exercice quand Antenne 2 obtenait l’exclusivité de la diffusion du Tour de France, mais aussi Régis Forissier qui exerça avec brio entre 1991 et 1996. La réalisation du Tour de France devenait même une référence en cyclisme, que les télévisions du monde entier saluait chaque année. C’est dire si Jean-Maurice Ooghe avait une certaine pression quand il prit les rênes du car de réalisation en 1997. Pour y parvenir, Ooghe put s’appuyer sur des équipes de production plus que rodée et, nouveauté pour l’époque, d’un jeune retraité du peloton en guise de consultant réalisation, Ronan Pensec. De quoi le penser bien armé pour assumer cette mission des plus délicate.
Car oui, réaliser le Tour de France n’est pas des plus simples. Nous vous passons les très nombreuses contraintes techniques liées à un sport itinérant, axons-nous plus sur le fait qu’il faille en juillet contenter un public beaucoup plus large que celui formé par les passionnés de cyclisme. Depuis de nombreuses années, de Patrick Chêne à Alexandre Pasteur, en passant par Christian Prudhomme ou Thierry Adam, nous avons pu entendre à l’antenne que le Tour de France, c’était aussi le Tour de la France. Une marotte reprise et raillée à tour de bras sur les réseaux sociaux. Pourquoi pas ? Après tout, si nous n’avons pas constaté d’érosion exagérée de l’audience du Tour après les affaires de dopage, c’est parce que la réalisation était en effet un savant mélange de patrimoine et de course cycliste.
Le fan de sport est un téléspectateur exigeant
Mais à vouloir mettre en scène le décor ou à trop miser sur l’esthétique, notre ami Jean-Maurice semble se mélanger les pinceaux sur sa console de réalisation. Nous constatons depuis quelques années une fâcheuse tendance à abuser du plan de coupe alors que la course bat son plein. Un favori attaque ? Un maillot jaune est en difficulté ? Nous arrivons dans le dernier kilomètre du Galibier ? Peu importe presque, l’hélicoptère muni de la fameuse boule Wescam, offre un magnifique plan d’un lac d’altitude ou d’un flanc de montagne. La cerise sur le gâteau ? Le sprint des Champs-Élysées qui bat son plein et une réalisation qui nous envoie un plan en travelling en plein direct, empêchant le téléspectateurs de voir l’emballage final le plus attendu de l’année cycliste peut-être. Cerise sur le gâteau? Non, goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Nous l’avons dit plus haut, on ne peut pas plaire à tout le monde, le fan de sport est un téléspectateur exigeant. Le Tour de France lui, dépasse le stade de l’événement sportif c’est évident, c’est beaucoup plus qu’une course cycliste, fusse-t-elle la plus prestigieuse. Et c’est à travers cet angle que Jean-Maurice Ooghe travaille sur l’épreuve, mais il faut veiller à ne pas basculer du mauvais côté du cheval. En résumé, le patrimoine doit évidemment garder sa place à l’antenne, étant donné dorénavant que l’ensemble des étapes sont retransmises en intégralité. Mais dans les cols, les phases finales et quand la course doit se jouer, il faut aller vers moins de fioritures et privilégier le sport quand celui-ci reprend ses droits. Et étant donné que la jeune génération française va occuper le devant de la scène, ça devient même nécessaire. Parce que franchement niveau réalisation sur le Tour ces dernières années, tu pousses le bouchon un peu trop loin Jean-Maurice…
Comme c’est bien écrit ! Sans trop de détails accablants, l’auteur se fait le porte parole du spectateur. Du passé au présent il y a trop de déceptions à manifester.
Mes voisins m’ont entendu pester et m’exclamer à chaque erreur .
Ça pourrait être magnifique, comme le Tour de France et ses concurrents, et bien non !
Des mauvais choix ont gaché une partie du plaisir…
Trop, trop dommage.
Philippe, spectateur.