Ce vendredi 24 mars, le Grand Prix E3 entrera dans une nouvelle dimension, celle des sexagénaires. L’épreuve, loin de s’être effritée avec le temps, nous présentera à nouveau ses monts et pavés autour d’Harelbeke. Ces derniers feront vibrer les grosses cuisses, ainsi qu’un public revigoré par la tant attendue campagne des classiques printanières qui débute à peine.

Soixante bougies dans l’ombre du Tour des Flandres, et ce, malgré d’improbables tentatives côté communication, souvenez-vous de la fameuse affiche de l’édition 2015. Celle qui fut créée en 1958 reste le parfait terrain pour jauger de l’état de forme des prétendants au Tour des Flandres puisqu’elle emprunte certaines de ses chaussées. Les Flandres occidentales ont pour habitude d’offrir les joies du sacre à de solides gaillards : Rik Van Looy, Jan Raas ou Fabian Cancellara illustrent le propos. Ce n’est ni plus ni moins que Tom Boonen qui s’est le plus illustré sur l’E3 avec cinq titres. Pourquoi pas un sixième accessit pour Tommeke ? Ce qui indiquerait clairement à ses rivaux que les quelques semaines de rab jusque Paris-Roubaix ne vont pas compter pour du beurre.

«La première ascension, le Katteberg, est placée après seulement 30 km de course. Après la deuxième, La Houppe, les côtes vont se succéder rapidement. Le final sera serré, avec le Tiegemberg, situé à 20 km de l’arrivée»

Philippe Vermeeren, directeur de course

C’est un parcours qui ne laissera place à aucune surprise puisque calqué au mètre près sur celui de la saison dernière. 206,1 bornes dont 16 pavées et pas moins de 15 côtes à avaler pour les coureurs. Des bergs mythiques se retrouvent ainsi franchis à quelques jours près lors des deux épreuves et pas des moindres, le Kwaremont et le Paterberg pour ne citer qu’eux occupent une grande place dans les deux courses. Cela reste moins complexe que le Ronde, certes mais avec environ 20% de kilomètres en moins, l’E3 reste un morceau de choix et ferait un trophée exposé avec fierté sur la cheminée marbrée de tout rouleur qui se respecte un tant soit peu. Du beau monde, il y en aura. Pour en être convaincu, il suffit d’observer que sur quatre des cinq dernières saisons, le vainqueur du Tour des Flandres terminait au moins en quatrième position lors de l’E3.

Tour de chauffe, tour de chauffe ! Tom Boonen sera pour l’occasion accompagné d’Yves Lampaert et de l’expérimenté Philippe Gilbert, tous deux brillants aujourd’hui sur À travers les Flandres, allant même jusqu’à signer le doublé. C’est clairement le retour au premier rang des hommes de Patrick Lefevere qui s’annonce sur cet exercice printanier alors que le précédent avait pu décontenancer certains. Bien sûr, le plateau n’était pas du niveau de celui que nous retrouverons vendredi mais cela reste significatif et va surtout impacter psychologiquement sur la formation pour la suite des événements. Nous aurons l’occasion de retrouver Peter Sagan, bien décidé à faire oublier sa seconde place de 2016 et un Greg Van Avermaet, virevoltant sur les routes de l’Omloop Het Nieuwsblad.

«Ma forme est bonne. Je me sentais très bien à Tirreno-Adriatico et Milan-Sanremo. Si tout se passe bien, je pourrai faire un bon résultat avant le Tour des Flandres.»

Greg Van Avermaet (BMC Racing)

Quant au train Sky, il se profilera avec un intéressant duo britannique composé de Luke Rowe et Ian Stannard. Les titres consécutifs de Geraint Thomas et Michal Kwiatkowski seront donc défendus en leur absence par leurs aguerris coéquipiers.

À noter qu’aucun français n’ait jamais grimpé sur le podium de l’épreuve et malheureusement la logique devrait se confirmer pour cette édition anniversaire. Nous suivrons tout de même avec attention le parcours d’un certain Arnaud Démare ce vendredi sur des terres qu’il maîtrise à la perfection. L’évidence n’existe pas dans les Flandres.