Difficile de gagner le cœur des Mayennais après les frères Madiot et pourtant Jacky Durand y est parvenu dans les années 90. Il a su accrocher le public par ses talents d’attaquant, n’hésitant jamais à se lancer dans des échappées au long cours en partant très tôt dans la course en solitaire ou en groupe et qu’importe l’épreuve, les kilomètres et les conditions météo.

Jacky Durand, né à Laval le 10 février 1967, est un guerrier… Ses talents de baroudeurs ont fait sa popularité et Cyrille Guimard, son premier Directeur Sportif chez Castorama, l’a incité à user et abuser de ces attaques, souvent hasardeuses, mais quelquefois payantes.

Un monument tombe dans l’escarcelle du Mayennais

La preuve, en 1992 il remporte le Tour des Flandres, 42 ans après Jean Forestier. Il mène à son terme une échappée de 217 km, de quoi laissait rêveur ! Sur sa forme il glane deux titres de Champion de France en 1993 et 1994. Pour sa dernière saison chez Castorama il endosse le maillot jaune du Tour de France au soir du prologue à Brest. Il déjoue tous les pronostics en profitant d’une météo favorable par rapport aux favoris qui eux ont affronté le vent, la tempête et la pluie.

En 1998, alors qu’il est passé chez Casino, il s’impose dans la classique Paris-Tours, 42 ans après Albert Bouvet. Il compte 10 participations sur le Tour de France et comptabilise trois succès d’étapes. Le Prix de la Combativité lui revient en 1998 (Casino) et 1999 (Lotto) mais termine lanterne rouge de la Grande Boucle.

Jacky mène le train lors du Giro 2004 (Photo : AFP/D.Meyer)

Après une dernière saison en 2004 au sein de la formation belge Landbouwkrediet-Colnago où il roulera souvent en tête de peloton sur le Giro, il prend une retraite bien méritée.

Jacky Durand fait partie de cette caste très fermée des porteurs du maillot de meilleur grimpeur sur la Grande Boucle. En 2001, alors que le Grand Départ du Tour s’est déroulé à Dunkerque, il s’envole dans une échappée dont il a le secret lors de la première étape entre Saint Omer et Boulogne-sur-Mer. En compagnie de Christophe Oriol il va caracoler en tête très longtemps raflant au passage tous les points des escalades au programme de la journée.

Pas un grimpeur mais tellement fier d’arborer le mythique maillot (Photo : Reuters)

« Ce maillot était un rêve pour moi et ce jour-là je l’ai atteint, j’étais très fier de l’endosser. Je l’ai conservé deux jours avant de le rendre aux spécialistes au soir de l’étape Calais-Anvers. »

Jacky Durand, autant que faire se peut, selon son emploi du temps sur Eurosport consacre du temps au Village Départ, parfois même après l’étape. Il a toujours de nombreuses anecdotes à raconter et des commentaires précieux sur la course. Jacky Durand ne connait pas la langue de bois… « Les invités du Tour de France, pour certains, sont de véritables spécialistes du cyclisme. Pour les autres nous les éclairons sur des points précis de route, de tactique ou de matériel. Il n’y a jamais de question idiote. J’aime renseigner des personnes qui ne connaissent rien au cyclisme et que le soir venu me disent qu’ils ont passé une bonne journée et qu’ils ont découvert le cyclisme grâce à moi, ou tout au moins ont découvert une face cachée et que finalement le cyclisme ce n’est pas uniquement appuyer sur les pédales. » Jacky Durand n’est pas avare d’explications depuis dix ans dans les coulisses du Tour et il se félicite de faire partie de cette grande famille du vélo.

Par Jean-Pierre Mortagne