Coup de tonnerre dans le monde des deux-roues électriques : la marque Fuell s’apprête à vivre sa dernière ligne droite… aux enchères ! Retour sur la chute d’une étoile qui avait misé sur le design et l’innovation, et qui s’éteint faute de repreneur.

Fuell : ascension rapide, chute brutale

Lancée en 2019, Fuell affichait de sérieuses ambitions et un pedigree impressionnant, fruit d’une alliance franco-américaine entre Erik Buell – célèbre fondateur de la marque de motos éponyme – et le Français François-Xavier Terny. Leur mission ? Passer la vitesse supérieure sur le segment du vélo électrique, avec des modèles à la fois originaux et ambitieux. À peine cinq ans plus tard, la marque est déjà à genoux : en octobre 2024, Fuell est déclarée en faillite aux États-Unis.

On se souvient du Flluid 2 et de ses lignes audacieuses, aperçu à l’Eurobike 2024, qui avait mis la barre très haut côté « vélo électrique de la démesure ». Mais dans l’industrie, un design ne suffit pas toujours à sauver la mise. Les affaires n’ont pas suivi.

Faillite : pas de sauvetage, juste la dispersion

Neuf mois ont passé depuis l’annonce de la faillite, et l’horizon reste obstinément sombre pour Fuell. Selon Bicycle Retailer, la liquidation ne laisse place à aucune reprise d’activité ; au contraire, on s’oriente vers un véritable dépeçage : la totalité des actifs de l’entreprise va partir aux enchères.

Dans certains cas, une faillite peut ouvrir la voie à une restructuration via un repreneur providentiel. Mais ce ne sera pas le conte de fées de Fuell. Le scénario, nettement moins glamour, a pris une tournure juridique : plus tôt dans l’année, différents bailleurs de fonds participatifs ont étouffé une contestation, désapprouvant la décision du syndic de faillite qui préférait jeter l’éponge sur la totalité des actifs, qu’il s’agisse de vélos électriques stockés en France ou dans l’Iowa. L’argument du syndic ? Le coût de stockage dépassait la valeur des biens gardés.

Heureusement pour les investisseurs, le juge des faillites du Wisconsin leur a accordé une petite victoire : tous les actifs devront être mis en vente aux enchères, et uniquement ceux qui resteront invendus seront laissés-pour-compte.

Une vente aux enchères totale, jusqu’aux brevets

La sentence est tombée : le 13 août 2025 s’ouvrira la vente aux enchères en ligne, où tout, ou presque, sera mis sur la table. Dans le détail, on retrouvera :

  • L’ensemble des brevets, marques et autres droits de propriété intellectuelle de Fuell
  • Des vélos et motos électriques
  • Les composants, outils, équipements d’usine et de bureau

On est loin de la petite braderie du samedi… Au total, dans sa déclaration initiale au tribunal, Fuell valorisait ses stocks et pièces détachées à 1,8 million de dollars, en plus d’environ 500 000 dollars d’autres actifs. Si vous rêviez d’un Flluid à prix cassé ou d’un brevet à encadrer chez vous, voilà votre occasion (mais ne comptez pas trop sur la livraison à domicile si personne ne rachète l’ensemble…).

En parallèle, l’ordonnance du juge prévoit un ordre de distribution bien précis pour les sommes récoltées :

  • La maison de ventes, les propriétaires et le syndic (pour l’assurance) seront servis en priorité
  • Les fonds restants couvriront une dette avoisinant les 479 000 dollars
  • Enfin, les créanciers, parmi lesquels les fameux bailleurs participatifs, passeront à la caisse dans l’ordre défini

Petite piqûre de rappel pour les (mal)chanceux ayant passé commande en octobre : absence de repreneur signifie aucune livraison… et aucun remboursement. On ne peut pas faire plus clair, ni plus cruel.

Un tournant pour l’industrie électrique ?

La fin de Fuell, c’est la preuve que même une équipe visionnaire ne peut se passer d’un modèle économique solide (et d’un peu plus de chance, au passage). Si vous êtes amateur de mobilités électriques, retenez la leçon : parfois, il faut pédaler pour aller loin, mais surtout viser juste sur le long terme…

Vous envisagez la mobilité électrique ? Gardez l’œil ouvert et vérifiez la solidité du constructeur avant d’investir dans la dernière innovation tape-à-l’œil. Le marché, lui, continue de bouillonner : nul doute que d’autres viendront tenter l’aventure là où Fuell aura échoué.