« C’est digne d’un film ! » Voilà la réaction spontanée d’une passante, et l’atmosphère du quartier ne la contredira pas : entre la sirène des polices à vélo, les courses-poursuites et les tirs résonnant dans les rues du XVIIIe arrondissement, Paris a, en ce samedi, pris des allures de polar haletant. Mais derrière le scénario digne d’Hollywood, des riverains sous le choc, et des questions qui, elles, sont bien réelles.
Un samedi matin bouleversé
C’est au croisement des rues Custine et Clignancourt, à deux pas du métro Château-Rouge, que s’est refermée cette matinée au suspense inattendu. Dès l’aube, badauds et voisins se pressent contre les bandes de rubalise, tentant d’apercevoir ce qui se trame derrière ce quartier barricadé. Vers 11 heures, alors que certains parisiens songent à leur premier café, l’affaire démarre rue Ordener.
Selon une source policière, tout débute par une banale vérification : quatre personnes à bord d’une Peugeot 207 grise, l’un des passagers sans ceinture de sécurité. Des policiers à vélo – oui, l’image est forte – tentent un contrôle. Mais coup de théâtre : le conducteur redémarre brutalement, fonce à toute allure, direction Barbès.
Poursuite, choc et déchaînement
Bloqué par la circulation au niveau de Barbès, le véhicule est vite rattrapé par notre duo de policiers sportifs. Là, le conducteur semble vouloir s’arrêter, coupe le contact… avant de redémarrer brusquement, renversant au passage un fonctionnaire.
Que faire ? Les policiers sortent leur arme de service et tirent : neuf cartouches, pas moins. La Peugeot remonte alors la rue Custine à contresens, avant de s’arrêter net devant le numéro 17, stoppée par une fourgonnette blanche, elle-même surprise d’avoir été propulsée dans une scène de film d’action.
Le bilan est grave : la passagère avant est blessée à la tête, le conducteur au torse. Les deux, au pronostic vital engagé, sont hospitalisés. Le conducteur aurait même essayé de s’enfuir à pied, en vain. Deux impacts de balle sont visibles sur le pare-brise, côté passagère avant.
Témoignages, stupeur et état de choc
Il n’est pas encore midi quand Louise et Guillaume, résidents de la rue Custine, sortent pour siroter leur expresso au bar le Montmartre. Soudain, ils voient des policiers « qui pédalaient très vite vers le haut de la rue » – pas courant, même à Paris ! Arrivés à hauteur du bar, ils découvrent les deux passagers arrière déjà assis à l’angle, la jeune fille effondrée et en état de sidération, hurlant : « Vous avez tiré sur… »
Guillaume poursuit : « Au même moment, ils ont sorti la passagère avant, elle avait la tête en sang. Ils l’ont allongée à côté du véhicule et un policier a commencé un massage cardiaque. » Pour Louise, l’émotion est trop forte : « Au début, on pensait à un accident, mais en voyant l’état de la voiture avec les deux impacts sur le pare-brise, on a compris que c’était autre chose. » Un autre témoin note la jeunesse apparente de tous les occupants.
Du côté de la pharmacie du boulevard Barbès, Berthe croit d’abord à une manifestation : « J’entendais des bruits, je pensais que c’étaient des pétards. Mais on a vu la voiture débouler, des policiers qui suivaient à vélo, la débandade. Quand on a compris que c’étaient des coups de feu, on a préféré vite rentrer dans l’officine ! »
Enquêtes en cascade et quartier en émoi
À 16 heures passées, la Peugeot criblée de balles est toujours en train d’être photographiée, fouillée sous le regard des curieux. Ce n’est qu’à 18 heures, sous une pluie battante, qu’une remorqueuse vient retirer le véhicule du carrefour. Les rubans s’envolent, la circulation reprend, mais les conversations restent : « Est-ce qu’ils étaient obligés de tirer ? » s’interroge un couple.
Deux enquêtes sont désormais ouvertes :
- Pour tentative d’homicide volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique, confiée au 2e DPJ.
- Pour violences volontaires avec armes par dépositaires de l’autorité publique, confiée à l’IGPN.
On apprend également que certains occupants ont reconnu avoir consommé alcool et cannabis. Des détails qui alimentent, en plus de la sidération, un flot de questions sur ce samedi décidément hors-norme.
Conclusion : Paris, ce samedi, s’est réveillée au rythme d’une scène que beaucoup auraient plutôt attendue sur leurs écrans. Au-delà du spectacle, ce sont des vies bouleversées et un quartier sonné, partagé entre angoisse, débats, et attente de réponses. En attendant que la lumière soit faite sur cette affaire, une chose est sûre : dans le XVIIIe, on se souviendra longtemps de cette matinée où même les policiers sont devenus – littéralement – des premiers rôles sur deux roues.







