Fin de parcours pour Larrun : la jeune pépite française des vélos électriques met la clé sous la porte. Dans un contexte déjà difficile pour le secteur, la marque basque fait les frais d’un enchaînement de déconvenues, entre problèmes techniques et tempête économique. Retour sur une aventure tricolore pleine de promesses… et de déceptions.

Une nouvelle victime dans la série noire du vélo électrique

2023 n’aura décidément pas été l’année du VAE (vélo à assistance électrique). Après les déboires de VanMoof, Kiffy et Reine Bike, un nouveau nom rejoint la liste noire : Larrun. Cette jeune marque française, installée à Anglet, semblait pourtant bien partie pour tirer son épingle du jeu. Cet été encore, ses nouveaux modèles piquaient notre curiosité à l’essai, avec leur look soigné et leur promesse d’innovation made in France. Hélas, Larrun a officiellement déposé le bilan début décembre, confirmant la mise en liquidation judiciaire et le licenciement de ses neuf salariés.

L’espoir d’un renouveau du vélo, stoppé net

Fondée en 2021 par la Société de Véhicules à Énergies Nouvelles (SVEN), rapidement rebaptisée Larrun, la jeune pousse avait lancé ses premiers modèles pour se faire la main : trois VAE à cadre ouvert vendus entre 1 890 et 2 250 euros, ainsi qu’un vélo pliant à 1 340 euros, histoire de toucher un large public. Fort de cette première étape, Larrun attaquait 2023 avec un ambitieux second souffle : sortir sa gamme Premium, dont les Kalea et Asko, intégrant des composants davantage locaux. Le moteur français Valeo Cyclee à transmission automatique, une batterie intégrée made in France et des freins Magura venus tout droit d’Allemagne, il y avait de quoi séduire ! Sans oublier un projet de cadre en fibre de lin, témoin d’une vraie volonté d’innovation dans le matériau et la relocalisation.

Le rêve ? Atteindre 2 500 vélos vendus en 2024, puis grimper à 6 000 en 2025, en capitalisant sur une fabrication française et des choix techniques haut de gamme. La société avait même dévoilé en juillet au salon Pro Days à Paris son prototype Lorea en fibre de lin, de quoi faire tourner bien des têtes dans le milieu.

Retour à la dure réalité économique

Malheureusement, derrière la belle image, la mécanique a rapidement grippé. Gilles Labrude, directeur de Larrun, détaille une conjonction de facteurs qui ont sapé l’équilibre financier :

  • 25 % de retours SAV sur les vélos de première génération, qui ont pesé lourd dans la balance et amputé la trésorerie.
  • Perte successive de clients, fragilisant le carnet de commandes.
  • Un retard dans le lancement de la nouvelle gamme, de quoi inquiéter les investisseurs et freiner les rentrées d’argent indispensables pour poursuivre l’aventure.
  • S’ajoute à cela l’inflation, qui a lesté le budget de certains clients et multiplié les impayés.

Résultat : même si des commandes existaient, elles ne furent pas assez nombreuses pour sortir la tête de l’eau, et l’entreprise a été contrainte de jeter l’éponge.

Une page se tourne… et un écosystème à rebâtir

L’échec de Larrun n’est pas un simple fait divers. Il résonne comme un nouvel avertissement pour tout le secteur du vélo électrique français, déjà malmené ces derniers mois. Si l’aventure a tourné court, elle symbolise aussi les défis majeurs de la jeune industrie : exigences de fiabilité, tempo industriel sans relâche, confiance fragile des investisseurs et contexte économique turbulent. Difficile de conjuguer liberté, innovation et viabilité économique dans un secteur où la compétition se durcit…

Pour les salariés et tous ceux qui rêvent de redynamiser la filière française du VAE, l’espoir n’est pas complètement crevé : chaque tentative, même avortée, apporte son lot d’enseignements. Et qui sait ? Les idées pionnières de Larrun, comme le cadre en fibre de lin, pourraient un jour voir le jour sous un autre coup de pédale ! En attendant, pédalez prudemment et gardez l’œil sur la prochaine génération d’entrepreneurs déterminés à électriser nos trajets quotidiens…