Imaginez une roue « électrique » qui ne nécessite ni batterie, ni moteur, ni même la moindre goutte de lithium. Utopie écologique ou habile tour de passe-passe ? Depuis l’Irlande surgit la SuperWheel, invention censée révolutionner notre rapport au vélo… Mais qu’en disent vraiment la physique, et surtout, les cyclistes ?

Une invention venue d’Irlande : la promesse du vélo électrique sans électricité

Simon Chan, ingénieux créateur basé en Irlande, a mis au point la SuperWheel, une roue promettant d’apporter les avantages du vélo à assistance électrique (VAE)… sans recourir à une goutte d’énergie électrique ! Adieu batterie, adieu moteur, bonjour mécanique pure — et pas de métaux rares requis dans la fabrication (adieu lithium, cobalt ou manganèse, vous resterez sous terre un peu plus longtemps). L’objectif de Simon Chan ? Offrir une assistance au pédalage respectueuse de l’environnement et accessible.

Le principe : poids, gravité et… ressorts !

Comment fonctionne ce drôle de dispositif ? Place à la physique façon suédoise : au cœur et au sommet de la roue, une série de ressorts entre en action dès que le cycliste pose le pied sur la pédale. Chaque coup de pédale comprime ces ressorts, qui stockent — brièvement — une partie de l’énergie appliquée pour la restituer lors de la phase de décompression.

  • Compression/décompression des ressorts au fil du pédalage
  • Rotation de la roue facilitée lors de la détente
  • Jusqu’à 30% de « gain » en capacité de pédalage annoncé

Ne vous attendez pas pour autant à gravir l’Alpe d’Huez sans transpirer : si la SuperWheel permettrait effectivement de réduire l’effort, il s’agit d’un coup de pouce léger, pas d’une fusée dissimulée sous votre selle.

L’autre promesse alléchante, c’est l’absence totale d’autonomie à surveiller. Finies les angoisses de la panne sèche : tant que vous pédalez, l’assistance subsiste (enfin, d’après le fabricant).

Compatibilité, prix et disponibilité : la SuperWheel à portée de guidon ?

La roue magique de Simon Chan révèle d’autres atouts pratiques :

  • Installable sur la plupart des vélos, pourvu que le diamètre des roues corresponde
  • Trois versions disponibles : 700 mm, 26 pouces, et une déclinaison Comet
  • Remplace la roue arrière (attention, pas de compatibilité avec les freins à disque)

Pour la petite histoire, l’invention a été brevetée partout en Europe le 8 décembre 2021 et également à l’international, sous le doux nom de « Weight To Energy Conversion Technology » (WTECT), rien que ça, dans pas moins de 87 pays.

Pour vous la procurer en France, inutile de tourner Paris à vélo : il n’existe pour l’instant qu’une seule boutique, CicloCaffè à Andernos-les-Bains, sur le Bassin d’Arcachon, où la roue est même assemblée sur place. Si vous craquez, sachez que les modèles 26 pouces et 700 mm sont en rupture sur le site officiel ; la version la moins chère est à 475 euros. Un investissement au demeurant raisonnable pour qui cherche une assistance légère, même si les pentes à 15% resteront vos ennemies…

Doutes, débats et… ressorts qui coincent

Mais alors, miracle physique ou gros nuage de poudre de perlimpinpin ? N’oublions pas les réticences, nombreuses, soulevées dans l’ombre des commentaires d’articles. Plusieurs voix rappellent quelques évidences de la physique, parfois avec l’élégance d’un marteau-piqueur : le poids et la gravité, ces « deux principes simples » cités par le fabricant, ne peuvent rien pour vous propulser sur du plat. Certains demandent, non sans humour grinçant, la démonstration physique – et sérieuse – que ce n’est pas tout bonnement une jolie fumisterie doublée d’une dose de ferraille supplémentaire.

On s’interroge aussi : est-ce vraiment différent d’un système de plateau non circulaire dont l’intérêt réel fait encore débat ? Peut-être qu’avec ces ressorts, l’énergie mécanique que vous déployez serait simplement relâchée à un autre moment du cycle de pédalage, mais sans créer de miracle…

Des commentaires sceptiques vont jusqu’à évoquer le spectre du mouvement perpétuel, d’autres dénoncent une escroquerie ou une publicité trop complaisante de la part des journalistes, qui auraient dû signaler plus clairement tous les doutes existants.

En attendant une confirmation indiscutable, certains imaginent que la SuperWheel n’optimise peut-être que la récupération de l’énergie fournie par le cycliste, mais il resterait à prouver, chiffres et mesures à l’appui, une réelle avancée.

Vraie révolution… ou coup de marketing savamment huilé ?

La SuperWheel fait donc parler d’elle : prometteuse sur le papier, séduisante côté écologie et prix, elle suscite aussi une salve de scepticisme scientifique. Si l’idée de remplacer la technologie électrique par une assistance mécanique réveille le côté Léonard de Vinci qui sommeille en chacun de nous, il faudra néanmoins attendre des résultats concrets pour savoir si la SuperWheel relève du génie du siècle ou du gadget vite oublié.

Un conseil avant de franchir le pas ? Attendez que les ingénieurs donnent leur verdict… ou que votre voisin cycliste, plus courageux, teste la roue et vous dise, chiffres à l’appui, si vous pouvez enfin dire adieu à la grimpette douloureuse !