Non, vos yeux ne vous jouent pas des tours : un homme vient bel et bien de lâcher le chrono sur piste comme d’autres lâchent des « records » de vitesse… en descente de col ! À Konya, sur un anneau turc, Matt Richardson a soufflé tout le monde. Et si le nom vous dit quelque chose, c’est qu’il a déjà l’habitude de s’amuser avec les limites humaines. Cette fois, il explose tout bonnement le record du monde du 200 mètres départ lancé. Deux jours, deux records et une vitesse moyenne affolante de 81,3 km/h. On vous raconte tout ce coup de pédale supersonique.

Le 200 mètres lancé : l’épreuve où tout va très, très vite

Oubliez les sprints hystériques du Tour de France ou les descentes flirtant avec le vertige : ici, pas de suspense cinématographique, pas de peloton à la lutte, mais un face-à-face entre un homme, une machine, et la loi implacable du chronomètre. Le 200 mètres départ lancé ? Ce n’est même pas une course officielle inscrite au panthéon olympique. C’est une épreuve de qualification. En clair, elle sert surtout à classer les meilleurs sprinteurs avant les duels de vitesse individuelle sur piste.

Pourtant, elle a tout d’un test d’athlète survolté : on démarre bien en amont de la ligne, on prend de l’élan comme si sa vie en dépendait, puis bim, on tente de franchir la ligne d’arrivée à une vitesse qui ferait pâlir d’envie un scooter urbain. Les plus puissants du monde s’y mesurent, façon 100 mètres d’athlé… mais en ajoutant un sacré supplément de watts au pédalier.

Matt Richardson : un sprinteur au parcours hybride et explosif

À 26 ans, Matt Richardson n’a rien d’un simple sprinteur de salon. Né à Kent, élevé en Australie, il a même porté les couleurs australiennes lors des JO de Paris 2024. Petit détail, il est repassé sous pavillon britannique dans la foulée. Ce changement de maillot ne l’a manifestement pas ralenti : le record du monde du 200 mètres, il l’a déjà battu trois fois… histoire de montrer qu’il a la pédale facile.

C’est à Konya, le 14 août, qu’il a fait exploser les compteurs. Premier essai : 8,941 secondes pour les 200 mètres. Moins de 9 secondes. Le lendemain ? Bis repetita et encore mieux (ou pire, c’est selon) : il claque un stratosphérique 8,857 s. Traduction mathématique : une moyenne de 81,3 km/h.

L’art de l’optimisation : vélo de haute voltige et watts à gogo

Comment fait-on pour dépasser les 80 km/h, allongé sur un vélo qui ressemble à une Formule 1 miniaturisée ? Pour Richardson, tout est question d’optimisation.

  • Un vélo Hope-Lotus HB.T utilisé déjà par l’équipe britannique lors des Jeux olympiques de Paris 2024.
  • Des pièces sorties d’une imprimante 3D : cintre, manivelles, tige de selle repensée pour le record.
  • Un vélo allégé au strict minimum : pas de freins, pas de vitesses, que le nécessaire pour défier l’air… quitte à faire pleurer les mécaniciens pointilleux.

Mais la recette ne serait rien sans la science du placement et du geste. Comme l’a confié Richardson à la BBC, il savait qu’il lui restait « du jus dans les jambes » après sa première tentative. Son secret pour aller plus vite encore ? « Rester au plus près de la ligne noire », le chemin le plus court à travers l’anneau.

Cerise sur le chrono : il faut développer, sur ces quelques secondes, des puissances qui feraient fondre la gomme et trembler le pédalier. Plus de 2000 watts sont parfois délivrés, histoire de faire rougir d’envie les turbines d’une éolienne.

Petite morale de l’histoire (et clin d’œil final)

Chaque année, on croit que le corps humain a ses limites, et chaque année, un nouveau phénomène vient les repousser. Cette fois, le spectacle avait pour cadre la Turquie et pour héros un sprinteur hybride, aussi à l’aise sous le maillot australien que britannique.

Si vous rêvez d’exploser vous aussi le chrono lors de vos trajets quotidiens… pensez toutefois à garder les deux pieds sur les pédales, et à ne pas virer trop près de la ligne noire (la police locale pourrait ne pas apprécier le clin d’œil à la haute vitesse). En attendant, à vélo ou non, savourons la passion et la démesure, et souhaitons de nouveaux exploits signés Richardson… ou ses rivaux.

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