Lyon, ou comment les pistes cyclables électrisent le débat : en pleine mutation urbaine, la Métropole a validé l’achat massif de vélos électriques pour les aides à domicile, mais la mesure fait grincer bien plus que des chaînes !
Chantiers, circulation, ZFE : des métiers chamboulés
À Lyon, le quotidien de nombreux travailleurs a pris un virage serré ces derniers mois. Entre la mise en place de la Zone à Faibles Émissions (ZFE) et les multiples chantiers urbains, certains professionnels, aide à domicile ou artisans, naviguent à vue dans une ville où circuler est devenu un parcours du combattant. Comme le partage un infirmier de Villeurbanne, « c’est invivable ! Impossible de circuler, impossible de stationner ». La frustration monte, et pas que sur les parkings devenus rares.
Pour certains, la situation vire même à la crise existentielle. Une aide à domicile raconte avoir « arrêté de venir à Lyon », le stationnement étant trop cher et la circulation de plus en plus stressante – sans parler des vélos qui ne respectent aucune règle selon elle. Plusieurs confient avoir déjà lâché leur clientèle lyonnaise et annoncés la nouvelle – difficile – à leurs patients les plus âgés ou isolés. Et la grogne ne s’arrête pas là : plombiers et autres professionnels jugent la situation « impossible », dénonçant une hausse de leurs tarifs à cause des embouteillages et d’un stationnement payant à rallonge.
L’aide de la Métropole : plus de 500 000 euros pour… des vélos électriques
Face à ces difficultés, la Métropole de Lyon ne ménage pas son effort : elle vient d’adopter une délibération pour faciliter les déplacements des aides à domicile. Cette décision, fraîchement validée lundi, entre dans le cadre de la loi du 8 avril 2024 sur le bien-vieillir et l’autonomie. Mais là où le bât blesse, c’est dans le choix des moyens.
Grâce à une aide de 539 545 euros de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), le dispositif permettra de financer l’achat de véhicules à faibles émissions et… de vélos à assistance électrique. La collectivité se félicite d’une « mise en œuvre locale du dispositif national, qui vise à améliorer les conditions d’exercice des professionnels de l’aide à domicile et le bon accompagnement des personnes âgées et handicapées vivant chez elles sur le territoire métropolitain ».
Mais pour certains, l’effet d’annonce ne passe pas : la somme importante destinée à l’achat de vélos électriques (à hauteur de 300 000 euros selon la polémique), laisse dubitatifs, voire carrément exaspérés, celles et ceux qui affrontent chaque jour bouchons et trottoirs encombrés, matériel médical sous le bras.
Professionnels en colère : « On fait comment avec le matériel ? »
Sur le terrain, l’annonce fait l’effet d’une crevaison. Infirmières, aides à domicile ou artisans rappellent que leur métier nécessite souvent de transporter du matériel, parfois volumineux ou fragile. Une internaute tacle l’idée, évoquant la « grande naïveté » de penser que les aides à domicile ou infirmiers pourront se déplacer « allègrement en vélo électrique » avec, par exemple, des éprouvettes de prises de sang dans la sacoche.
Un plombier, un brin sarcastique, se voit déjà obligé d’utiliser son « vélo cargo avec son chauffe-eau sur le dos ». D’autres regrettent que les chantiers piétons ou cyclables soient si dangereux et imprévisibles : « Il y a des secteurs où il est impossible de circuler même en vélo tellement c’est dangereux. Les pistes changent tous les jours et il n’y a aucune protection », s’indigne un commentaire. La situation n’est guère plus rassurante à Vaulx-en-Velin, où les retards de la ligne T9 s’accumulent et créent « un foutoir de partout ».
Certains poussent le trait jusqu’à ironiser sur le sort de ces vélos électriques : « On verra ces mêmes vélos dans des reportages dans certains pays d’Afrique… La filière est très intéressante pour qui veut se faire un complément de salaire ». Ambiance punchline garantie !
- Impossible de stationner, quasi-impossible de circuler
- Matériel médical ou professionnel souvent encombrant
- Des horaires déjà à rallonge pour beaucoup
- Sécurité des cyclistes loin d’être assurée partout
Une politique contestée, des travailleurs à bout
Pour de nombreux commentateurs, la grogne dépasse la question du vélo et touche à la fiscalité et à la gestion des fonds publics. Beaucoup redoutent de nouvelles « augmentations d’impôts pour payer les folies politicardes » et dénoncent « toujours plus de dépenses = plus d’impôts ». Certains ironisent sur les seuls services publics indéboulonnables selon eux : « L’URSSAF et le fisc seront les derniers debout » même si tout le reste s’effondre.
Au cœur de la polémique, un sentiment de rupture entre décideurs et réalités du terrain. Beaucoup jugent la mesure « hors sol », voire « intégriste », et auraient préféré voir des solutions comme des voiturettes électriques ou, rêvons un peu, des travaux enfin terminés. Alors, vélos électriques pour tous ? Beaucoup en doutent, surtout pour ces métiers « très physiques », déjà éreintés et aujourd’hui contraints de choisir entre leurs usagers et leur propre santé.
Conseil du jour à la Métropole : avant d’investir dans les roues, n’oublions pas d’écouter les bras et les jambes qui font tourner la boutique !







