Alors que le prix du carburant tutoie des sommets et que l’État a déjà sorti le chéquier à hauteur de 30 milliards d’euros pour tenter de maintenir le pouvoir d’achat, une évidence s’impose : la France se prend un mur énergétique aussi brutal que lors du choc pétrolier de 1973. Plus que jamais, il est temps de miser (enfin !) sur le vélo pour sortir de la crise énergétique – parole d’expert… et d’un brin de bon sens collectif !
Une crise qui n’a rien d’une petite déprime passagère
Le prix de l’énergie ne cesse de grimper depuis plus d’un an, dopé par la reprise économique mondiale puis dopé-écrasé par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, grand vendeur de pétrole sur la planète. Un constat s’impose : on ne parle pas d’un simple mauvais moment à passer, mais des prémices d’une époque marquée par la déplétion énergétique. Tempérer les prix à coup de subventions, c’est efficace… comme un pansement sur une jambe de bois ! Il en faut plus : des mesures de fond, structurantes et, surtout, une bonne dose de sobriété dans notre consommation à court terme.
La France, championne toute catégorie… de la bagnole
En matière d’émissions de CO₂, inutile de chercher plus loin : ce sont les transports qui nous plument, avec 31 % des rejets nationaux. Cerise sur le pot d’échappement, c’est l’unique secteur où les émissions continuent d’augmenter depuis des décennies, loin devant l’industrie. Les chiffres montrent une dépendance viscérale : 63 % des déplacements locaux se font en voiture (contre 9 % en transports en commun et un frêle 2,7 % à vélo seulement !). Même pour aller bosser à moins de 5 km de chez soi, 60 % des Français enfourchent leur… volant. Et pour les trajets de moins de 2 km, ils sont encore un sur deux à prendre la voiture. De telles distances semblent pourtant idéales pour la marche ou le vélo, non ?
Mais ne nous trompons pas de cible : cette utilisation massive de la voiture n’est pas réservée aux citadins. D’un bout à l’autre du pays, urbains comme ruraux effectuent environ un trajet sur deux sur une distance de 1 à 10 km. Bref, le vélo n’est pas qu’une lubie de hipsters parisiens.
Le potentiel vélo, ce géant endormi dans nos garages
Selon le Cerema, la moitié de la population pourrait se rendre au travail à vélo chaque jour. Aujourd’hui ? La part modale plafonne à 3 %, alors qu’elle pourrait grimper jusqu’à 43 % ! On reste loin de ces sommets (et des 28 % néerlandais), mais quel réservoir de progrès encore inexploité.
Pourtant, la France ne manque pas de vélos : près de 36 millions dorment quelque part, dont plus de 10 millions hibernent dans caves et garages. Le plan national de 2018 visait 9 % de déplacements à vélo en 2024, on en est loin. Mais la dynamique s’est accélérée avec le vélo électrique et les évolutions sociétales : jamais on n’a autant parlé du vélo comme solution majeure… sans vraiment offrir l’infrastructure qui va avec.
- La sécurité prime : la peur du « grand bain » de la circulation motorisée freine moult bonnes volontés. Les pistes temporaires, comme les fameuses « coronapistes » de 2020, ont montré qu’on pouvait installer près de 700 km de voies cyclables en quelques mois, avec peu de moyens, sans études interminables. Cela a boosté la pratique… Pour une fois, le pansement a cicatrisé !
- Le Cerema recommande maintenant d’élargir la démarche, en ciblant en priorité les axes structurants, carrefours dangereux et grands axes encore dépourvus d’aménagements cyclables.
Côté rural, on n’est pas en reste : des départementales avec accotements pourraient facilement se transformer en pistes bidirectionnelles, et de nombreuses routes pourraient être réaffectées au vélo plutôt qu’au transit motorisé. Simple, sûr et peu coûteux !
Mieux investir et accompagner tous les publics
Pour sortir du bricolage, un vrai budget national d’un milliard d’euros par an entre 2022 et 2024 financerait l’intégralité de nouvelles infrastructures, ferait tripler la longueur du réseau cyclable (de 54 000 à 150 000 km…) et permettrait de traiter en masse les « points noirs » de la circulation. À 15 € par habitant, ce serait un investissement à fort impact sur l’emploi, bien plus que dans l’automobile. Mais il faudra aussi doter les collectivités de moyens et d’expertise, notamment hors des métropoles, et réorienter les effectifs existants vers ces nouveaux projets.
Il s’agit également d’encourager la pratique :
- Tester plans de circulation, rues à trafic limité, zones à 30 km/h, généraliser les doubles sens cyclables…
- Rendre le forfait mobilité durable obligatoire pour inciter les salariés (public et privé) à sauter le pas.
- Proposer des aides d’urgence, modulées selon la dépendance à la voiture et la situation financière.
- Et pourquoi pas, organiser des « dimanches sans voiture », histoire de tester la ville autrement ?
Bien sûr, chaque territoire a ses besoins spécifiques. Mais une chose est sûre : la sortie des énergies fossiles ne peut plus attendre. C’est une urgence sociale, géopolitique et écologique, mais aussi une formidable opportunité de réinventer la mobilité pour tous.
Des milliers de kilomètres de pistes en quelques mois ? Voilà le marqueur d’un vrai plan de résilience. Le vélo, c’est la promesse d’un accès équitable, universel, abordable à la mobilité, dans une France qui pédale enfin vers l’avenir.







