Oubliez la petite musique métallique de la chaîne qui cliquette, bienvenue dans l’ère quasi silencieuse et ultra-douce de la courroie ! Sur le marché du vélo électrique, la révolution s’est doucement mise en marche, et d’après les spécialistes, la courroie pourrait bien devenir l’incontournable de demain. Loin du simple effet de mode, cette tendance intrigue et séduit déjà nombre de vélotafeurs urbains. Alors, mythe ou vraie avancée ? Décryptage de cette nouvelle coqueluche des transmissions, entre chiffres et témoignages d’experts.

De la discrétion à la percée : la courroie, c’est maintenant

Depuis quelques années, les cyclistes les plus assidus n’ont pas manqué la montée en puissance de la courroie dans la transmission de leur vélo à assistance électrique (VAE). Fini la traditionnelle chaîne métallique ! Selon William Perrier, directeur commercial France du groupe Accell, « la courroie ? On n’en voyait pas il y a à peine 7 ou 8 ans ! Aujourd’hui, elle équipe environ 10 % des nouveaux VAE ». Apparue timidement dans les années 2000, la courroie en polyuréthane et fibres de carbone prend aujourd’hui la lumière.

Pourquoi un tel engouement ? Tout simplement parce que, une fois essayée, beaucoup de cyclistes ne veulent plus en revenir. Plus besoin de jongler chaque semaine avec la graisse ou de craindre le pantalon taché : la courroie s’impose doucement mais sûrement, en particulier auprès des urbains. Et il ne s’agit pas de science-fiction, mais d’un mouvement entamé, chiffres à l’appui !

Les super-pouvoirs de la courroie : durabilité, praticité et confort

La courroie, ce n’est pas qu’un effet de nouveauté. C’est aussi (et surtout) une championne quand il s’agit de longévité et d’entretien :

  • Une durée de vie entre 20 000 et 21 000 km selon les revendeurs, soit deux à trois fois plus que la chaîne classique qui, elle, réclame de changer entre 6 000 et 7 000 km
  • Des matériaux ultra-résistants (corde de traction, élastomère rigide, « dents » en nylon…)
  • Quasiment aucun réglage à faire au quotidien, contrairement aux systèmes à dérailleur traditionnels
  • Aucun besoin de graissage, la courroie ne s’encrasse pas et un simple jet d’eau suffit à la remettre à neuf

Côté confort, la différence se fait sentir aussi, comme l’explique William Perrier : la courroie offre des déplacements « plus doux, smooth » – de quoi transformer le bitume en tapis volant pour les cyclistes citadins !

Autre atout, souligné par Tanguy Andrillon, journaliste pour Transition Vélo : « On peut aussi passer les vitesses à l’arrêt ». Pratique absolue pour ceux qui sont condamnés à faire la chenille derrière une file de voitures ou à s’arrêter net à chaque feu tricolore : à la relance, moins de panique et surtout, plus besoin de s’enrhumer les doigts dans les réglages improbables !

En bref, pour la ville, la courroie fait carton plein : plus propre, plus silencieuse, moins contraignante… et aussi moins salissante pour les costumes et pantalons clairs (ou ce qu’il en reste après le passage à vélo).

Pas si simple : exigences techniques et… addition salée

Évidemment, dans le monde du vélo où rien n’est jamais aussi simple que prévu, il y a un revers à cette belle médaille. Installer une courroie ne consiste pas à simplement remplacer la chaîne. Il faut aussi faire place à de nouveaux systèmes : exit le dérailleur, bonjour les moyeux à vitesses intégrées ou les moteurs automatiques, un poil plus coûteux.

Comme le confirme Robin Gabuthy, cofondateur d’Ellipse Bikes, « On peut estimer le surcoût entre 10 et 20 % ». La courroie est donc aujourd’hui surtout recommandée pour un usage urbain ou semi-polyvalent, et plutôt avec un nombre limité de vitesses (le VAE nécessitant de toute façon moins de rapports qu’un vélo musculaire). Chez certains fabricants, choisir la courroie au même prix que la chaîne implique un vélo mono vitesse, pratique pour la ville… mais il ne faudra pas espérer gravir l’Alpe d’Huez tous les matins. Selon Gabuthy, une configuration mono vitesse suffira dans 70 % des grandes villes (à condition que les côtes n’excèdent pas 7 à 8 %), sinon… il faudra appuyer fort sur les pédales, plaisante Tanguy Andrillon.

Côté portefeuille, l’écart se sent aussi : par exemple, chez Winora, la version chaîne du modèle iRide Pure coûte 2999 euros, contre 700 euros de plus pour la version courroie. Mais la tendance évolue : « L’écart de prix va se réduire à l’avenir », promet William Perrier. Patience…

Chaîne ou courroie : le match ne fait que commencer

Certes, la courroie semble séduire une clientèle de plus en plus large. Mais doit-on annoncer la mort de la chaîne ? Robin Gabuthy tempère : impossible d’imaginer sa disparition, tant la chaîne reste la solution la moins chère et la plus efficace pour la transmission de l’énergie. Selon lui, les deux modèles continueront à cohabiter, portés par deux usages et deux budgets différents.

Dernier point à noter avant de foncer chez le vélociste : la courroie, aussi résistante soit-elle, nécessite de faire appel à des réparateurs compétents pour le (rare) entretien. « Alignement, tension, ce n’est pas aussi simple qu’avec une chaîne », prévient Andrillon. Et attention à la tentation du bricolage maison : mieux vaut laisser ces manœuvres aux pros sous peine de transformer son vélo en œuvre d’art contemporaine (non roulante).

Le mot de la fin ? Si vous aimez rouler en ville sans vous soucier de graissage ou d’huile sur le bas de pantalon, la courroie a tout pour plaire. Mais votre choix dépendra surtout de votre terrain de jeu… et de votre budget. En attendant la démocratisation, surveillez la chaîne, la courroie a mis la pression !