Un pied devant l’autre, sur la ligne de départ de leur propre vie : c’est le pari un peu fou – ou plutôt visionnaire – de Malek Boukerchi. Athlète dans l’âme mais surtout passeur d’espoir, il a transformé l’expérience du marathon en une aventure collective, capable de réveiller ceux qui pensaient être condamnés à regarder la course de loin. Histoire d’un défi sportif… et humain !

Un ultra-marathonien au service des autres

Malek Boukerchi a de quoi impressionner. Des milliers de kilomètres parcourus autour du globe, une passion pour les terrains extrêmes et, pour couronner le tout, un passage légendaire par l’Antarctique. 142,95 kilomètres avalés en deux jours, sous -40°C ! Ici, c’est la préparation mentale qui prime, « ne pas être victime de la douleur, mais disciple », dit-il. On imagine sans peine la résilience qu’il a fallu pour tenir la distance.

C’est fort de cette expérience que Malek a embrassé l’adage de l’immense Emil Zatopek : « Si tu veux courir, cours un kilomètre. Si tu veux changer ta vie, cours un marathon ». Il en fait son mantra, et le partage dans « C’est la vie ». Mais au-delà de ses exploits, Malek veut transmettre : il a lancé le « Projet des 42 », sorte de marathon de la deuxième chance, où 42 jeunes en difficulté sont invités à parcourir les mythiques 42 kilomètres. Rien que ça !

Courir pour se relever : le Projet des 42

Ne pas être champion à 10 ans, tout ne sera donc pas perdu. Malek lui-même n’a chaussé sérieusement ses baskets qu’à 28 ans. Sa démarche n’est donc pas faite que de records, mais aussi de rencontres et d’émotions collectives. Il a proposé à de jeunes gens en difficulté de courir le marathon d’Athènes – berceau de la discipline. Pourquoi ? Parce que la course, c’est la promesse d’un nouvel élan, et parfois même d’un emploi au bout du chemin.

Le « Projet des 42 » rassemble des jeunes « en quête de sens », des personnes ayant quitté l’école tôt, et d’autres en situation précaire, sans oublier les étudiants. Leur objectif : créer une vraie osmose, un « mélange pour pouvoir se réanimer ». Un projet où chacun apporte ce qu’il peut, prend ce dont il a besoin.

  • Des jeunes qui mangent parfois à leur faim uniquement grâce à la solidarité.
  • Des histoires où l’on court pour la première fois… sur 42,195 km!

Pour les accompagner, Malek préconise de « chercher le beau à l’intérieur de soi et de penser aux gens que l’on aime ». Un conseil qu’on aurait presque envie d’encadrer dans le salon, avec les chaussures pleines de boue.

Valeurs partagées, défis relevés

L’engagement de Malek ne s’arrête pas au simple chronomètre. Lui, passionné de contes et sportif dans l’âme, y croit dur comme fer : le sport redonne un cadre à ceux qui n’en ont plus. Courir, surtout un marathon, reste une expérience ingrate et difficile, mais ô combien gratifiante. Tenacité, discipline, engagement… Les jeunes coachés par Malek voient leurs valeurs se forger à chaque foulée. À travers leurs progrès, ils se réapproprient leur parcours, leur dignité.

Lors des entraînements, la précarité de certains saute aux yeux de Malek : les soucis de nourriture ne sont jamais loin. Mais au fil des séances, les jeunes découvrent un autre appétit : celui de persévérer, de se dépasser pour eux, et un peu pour les autres aussi.

Un héritage collectif, une résistance au cœur

Malek n’a jamais oublié ses racines. Il reste « extrêmement fier du quartier du Drouot » à Mulhouse, où il a grandi, un lieu solidaire mais marqué par la ségrégation territoriale. De cette enfance jusqu’à son métier de conférencier, il témoigne d’une trajectoire où l’on ne reste jamais sur le bas-côté durablement, à condition d’oser le premier pas.

Alors ? Prêt à tenter l’aventure ? La prochaine fois que la vie vous paraît incertaine, rangez votre canapé, sortez les baskets, et souvenez-vous : pour changer sa vie, il faut parfois juste oser courir… un marathon – ou au moins commencer par quelques foulées !