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ors de notre présentation du célèbre mont Chauve, nous avions grand espoir quant à une mutinerie des principaux favoris face à leur opposant numéro 1, Christopher Froome. Seul Quintana aura su tirer son épingle du jeu, sans succès. La machine Froome semble être difficile à enrayer et le kenyan blanc enfonce un peu plus le clou en s’imposant au sein d’un paysage lunaire. À force de l’enfoncer, attention à ne pas passer à travers la planche…

Un scénario idéal

Quoi de plus pré-risible … prévisible plutôt ? Une échappée qui se dessine avec quelques difficultés : Pierre Rolland rate le bon wagon et tente avec une douzaine d’hommes de partir en contre sur le groupe de tête. Malgré les efforts, le leader d’Europcar et ses compagnons retournent bien au chaud dans le peloton. La bonne échappée est constituée de pas moins de 5 français (Chavanel, Fédrigo, Roy, El Farès et Riblon) sur un groupe de 10 hommes, une belle moyenne donc. À noter la présence de Sagan, Monfort, Irizar, Poels, Losada et Impey avec eux.

Alors que l’on s’attend à voir la team Sky mener le tempo du peloton derrière les hommes de tête, c’est un tout autre scénario qui se présente à nous. Les petits hommes verts d’Europcar mènent la chasse. Voilà ce qui arrive lorsque l’on n’est pas capable de sentir le bon coup du jour : c’est le jeu ma pauvre Lucette. Même si ce n’est pas digne d’une poursuite effrénée, Cousin, l’homme moustache, et ses collègues empêchent déjà aux courageux du jour de prendre un gros écart. Devant, tout le monde joue tout de même le jeu sauf El Farès qui se relève, avalé quelques instants plus tard par la patrouille. Un peloton qui change de physionomie avec la Movistar qui prend le relais des Europcar, la course se durcit. Difficile de ne pas penser que cela arrange nos amis de chez Sky, la Movistar est en train de faire le boulot à leur place : les Sky peuvent attendre tranquillement avant de mettre enfin, un gros coup de pied dans la fourmilière.

Chavanel, mission cocorico

La mythique victoire française sur la Grande Boucle le 14 juillet, voilà de quoi motiver nos français, toujours privés de victoire depuis le début de l’épreuve. Sylvain Chavanel est conscient que malgré le faible écart au pied du Ventoux, il faut tenter les choses jusqu’au bout. À 24 km de l’arrivée, il décide de la tenter en solitaire. Dès les premiers virages du mont Chauve, Chavanel creuse l’écart sur ses anciens camarades : 26″ et 1’50 » sur le peloton : ça va être tendu Mimosa !

Derrière, le groupe d’échappée explose et Riblon accompagné d’Irizar sont les seuls à maintenir le cap quelques secondes derrière Chavanel. Très grosse surprise qui à la longue n’en sera plus une, ça craque chez Europcar mais cette fois avec Pierre Rolland : le « Roi de la montagne » s’effondre, il ne reverra plus les favoris aujourd’hui. Après lui, Andy Schleck et Klöden décrochent. C’est tôt, même très tôt pour des mecs censés savoir grimper. Devant, Bakelants ne se laisse pas abattre par la méforme d’Andy et s’échappe, seul Nieve part à sa poursuite.

Quintana, seul à se révolter

Bakelants et Nieve reprennent Chavanel mais le belge n’est pas à son aise et reste avec le français tandis que le basque poursuit son effort et creuse l’écart. C’est au tour de « n’héros » Quintana de se montrer à son avantage, une attaque tranchante dans le pur style colombien. Le train de la Sky continue quant à lui d’assurer l’écrémage du groupe maillot jaune qui fond comme neige au soleil. Parmi les victimes de ce tempo infernal : Cadel Evans qui semble collé au bitume.

Mais attention, l’avance des hommes de tête continue de croître. Mais ça, c’était avant car maintenant c’est Richie Porte qui en remet une couche, tout sourire en tête du groupe favoris. L’écart chute à environ 30 secondes, Porte fait une fois de plus un très gros boulot pour Froome. C’est la première partie de l’apocalypse qui se déploie sur ce Tour de France 2013 : Porte fait plus qu’écrémer le groupe, il l’anéanti ! Tout le monde lâche prise sauf Froome, bien installé dans la roue de son lieutenant, Contador et Kreuziger… ah non le coéquipier d’Alberto ne tient finalement pas ! Un peu plus en avant, Quintana décroche Nieve mais sent déjà le maillot jaune revenir vers lui.

Froome, what else ?

C’est la deuxième partie de l’apocalypse qui s’amorce lorsque Froome attaque en mode Ullrich, le cul sur la selle en embarquant un braquet impressionnant. Contador ne fait pas illusion, l’espagnol retourne à sa place : loin derrière Mister Froome. Il terminera avec Nieve, allié de circonstance, lui aussi déposé par le maillot jaune. Ce dernier revient sur Quintana, tente de le distancer mais le colombien s’accrochant, Froome semble mettre le pied sur le frein. Le duo grimpe au train au coeur d’une foule incroyable.

Derrière eux, à 6km de l’arrivée, le duo Nieve-Contador accuse près de 30″ de retard, le groupe « favoris battus » pointe quant à lui à 1’15 » du maillot jaune. Alors que le sommet du mont Chauve se révèle, Froome tente à plusieurs reprises de larguer son compagnon mais sans réussite : Quintana peut t’il aller chercher l’étape ? Hé bien non ! Il reste 1,5 km lorsque le kenyan blanc brise les espoirs du colombien en le laissant sur place. C’est fait, Christopher Froome balaye d’un revers de main l’ensemble de la concurrence : sauf incident, le Tour est terminé. La grande question est de savoir si oui ou non Froome l’emportera au sprint sur les Champs-Elysées.

Vos contributions !

Petite nouveauté sur Le Dérailleur avec nos invités qui nous font un petit retour sur cette étape riche en émotions.

« Nairo, un futur grand » @TomLeNantais

Froome gagne l’étape, mais une révélation aujourd’hui : Naïro Quintana !
Quintana a attaqué au pied du Mont Ventoux, mais l’impression qu’il m’a fait était vraiment forte, assis sur sa selle, il a avalé Chavanel. Puis Nieve après, qui était parti avant lui. Il sera repris par Froome, mais il s’accroche et prend la roue de Christopher, il fait même un bout de chemin avec lui.
À 1,5km de l’arrivée, Froome lâche Quintana, mais le colombien n’a pas tout perdu, il reprend le maillot blanc à Michel Kwiatkowski !
Quintana est sans aucun doute un futur champion, et dans quelque années, il pourra viser un podium et qui sait … futur vainqueur du #TDF ?

« La Sky étouffe la course » @_Tibaldi_

L’histoire de Chris Froome dans ce 100ème Tour de France est décidément pleine de rebondissements. Alors que l’on disait la Sky affaiblie, désorganisée, et son leader isolé, Froome et son équipe ont mis tout le monde d’accord dans cette quinzième étape, rappelant leur grosse performance d’Ax-3 Domaines.

Cela dit, ils n’ont pas eu besoin de faire grand chose en début d’étape pour durcir la course. Stratégie hallucinante des Europcar, qui roulent derrière l’échappée pour la punir de n’avoir pas laissé rentrer Rolland. Au final, le grimpeur français explosera dès les premiers faux plats du Mont Chauve. Et puis les Movistar aussi, la pseudo-armada espagnole qui roule à bloc sur le plat pendant deux bonnes heures, pour au final perdre tous ses équipiers dès que la pente apparaît.

Bref, la Sky est arrivée dans un fauteuil à l’amorce du Ventoux. C’est à ce moment-là qu’ils ont décidé d’enclencher la grande bagarre, au grand dam des neuf échappés (parmi lesquels un Sylvain Chavanel sacrément costaud). Alors que l’ascension approche, les gros moteurs de la formation anglaise (Siutsou, Stannard) vissent à bloc et mettent déjà le peloton en file indienne.

Et dès Bédoin, c’est Peter Kennaugh qui prend le relais et fait l’écrémage au sein du peloton. Les Saxo-Tinkoff et les Belkin se retrouvent rapidement dans le rouge. C’est le moment que choisit Nairo Quintana pour attaquer. Cette fois, une seule accélération aura suffit au grimpeur colombien pour semer les autres favoris. Il creuse rapidement l’écart, et rejoint finalement le coureur d’Euskaltel Mikel Nieve, parti en éclaireur un peu plus tôt dans la montée.

Derrière, Kennaugh explose en plein vol, et c’est Richie Porte, à la rue il y a une semaine à peine, qui prend les commandes d’un peloton réduit à une vingtaine d’unités. L’ancien triathlète australien abat un travail considérable pendant quelques kilomètres, faisant craquer tous les favoris un à un, jusqu’à s’isoler carrément, avec Froome et Contador dans la roue. Les deux hommes de la Sky se parlent brièvement, Porte se gare sur le côté, et c’est parti pour le numéro de Chris Froome. Le Maillot Jaune, assis sur la selle, accélère le rythme en moulinant à une cadence impressionnante. « El Pistolero » s’accroche quelques mètres et finit par lâcher.

Froome s’envole littéralement, dépasse Nieve qui n’essaie même pas de prendre sa roue. Finalement, c’est Contador qui va reprendre le grimpeur basque, et les deux hommes vont collaborer pour tenter de revenir sur Froome, parti alors pour assommer le Tour.
Le leader de la Sky revient sur Quintana, et les deux hommes roulent ensemble pour creuser l’écart sur leurs poursuivants. Froome tente en vain de décramponner l’escaladeur colombien, qui aurait bien pu être le héros de cette journée d’enfer. Mais ce dernier craque sous la flamme rouge, laissant le Kényan blanc s’envoler seul vers une victoire de prestige, non sans utiliser une énième fois son oreillette.

Bilan de la journée : quoi qu’on en dise, la Sky a étouffé la course aujourd’hui, et son leader a finit le travail en beauté. Pendant ce temps, les outsiders se sont disputés les miettes, sans changement majeur au classement général. L’autre vainqueur du jour est Nairo Quintana, qui récupère le Maillot Blanc de meilleur jeune. Côté français, seuls les deux coureurs d’AG2R-La Mondiale Jean-Christophe Péraud et Romain Bardet ont pu limiter les dégâts.