Vous rêvez de filer à toute allure, cheveux au vent, sans finir rouge comme une tomate à la moindre montée ? Et si la solution ne passait pas par l’achat d’un vélo électrique flambant neuf, dont le prix fait souvent aussi peur qu’une côte à 15% ? Transformer votre fidèle vélo classique en électrique change la donne. C’est économique, écologique et, promis, sans magie mais grâce à un kit malin. Voilà tout ce qu’il faut savoir avant de brancher votre deux roues sur le XXIᵉ siècle.
Une alternative qui roule pour tous les budgets
Après un véritable boom des ventes au sortir du Covid, la tendance des vélos à assistance électrique (VAE) a commencé à pédaler un peu moins vite : en 2024, il s’est vendu 565 226 VAE en France, soit 16% de moins qu’en 2023, et même 23% de baisse par rapport à 2022 selon l’Union sport & cycle. En cause, la conjoncture économique : un VAE neuf coûte en moyenne 2 000 €, ce qui donne plus envie de grimper aux rideaux qu’aux cols pyrénéens.
Si l’occasion séduit de plus en plus (le marché de la seconde main a bondi de 9% l’an dernier), une alternative encore plus abordable séduit : faire passer son vélo musculaire en version électrisée grâce à des kits d’électrification. Au menu ? Une solution comprise entre 400 et 1 100 € pour un kit homologué, nettement plus douce pour la planète qu’un achat neuf.
Un impact environnemental bien moindre
Le saviez-vous ? Fabriquer un VAE tout neuf représente 94% de son empreinte carbone (pour un vélo ayant parcouru 20 000 km), explique la chercheuse Anne de Bortoli dans le magazine de l’Institut polytechnique de Paris. Le principal coupable ? Le cadre, à lui seul responsable de 181 kg équivalent CO₂ pour une monture en aluminium produite en Chine ; c’est bien plus que le moteur (37 kg CO₂e) ou que la batterie (20 kg CO₂e).
Bonne nouvelle : électrifier un vélo déjà existant, c’est éviter la fabrication de ce fameux cadre, et donc un sérieux soulagement pour la planète… à condition évidemment de vraiment prolonger la vie de son fidèle destrier, pas d’acheter un vélo neuf pour aussitôt le transformer.
Électrification : mode d’emploi, législation et restrictions
Selon Aurélien Bigo, chercheur spécialiste de la transition énergétique des transports, électrifier son vélo rend la mobilité électrique accessible à de nouvelles catégories de cyclistes, en particulier ceux pour qui le prix était jusque-là rédhibitoire. Ce n’est pas qu’une histoire de portefeuille : cela permet aussi de remplacer 50 à 70% des trajets jusqu’ici réalisés en voiture, en incitant automobilistes, seniors ou amateurs de mobilité tranquille à (re)découvrir le plaisir du deux roues.
Installer un kit sur son vélo, c’est parfaitement légal… mais à condition de respecter la norme européenne EN 15194. Pour que votre vélo transformé reste un VAE aux yeux de la loi, il faut que :
- le moteur ne dépasse pas 250 W,
- l’assistance s’arrête au-delà de 25 km/h,
- l’électricité s’active uniquement quand vous pédalez.
Au-delà, vous entrez dans la catégorie des cyclomoteurs (« speedbikes ») : carte grise, assurance et casque obligatoires.
Côté modèles, la vaste majorité des vélos sont adaptables. Restent sur la touche ceux présentant des problèmes de sécurité évidents ou équipés d’un rétro-pédalage (hors-norme française des deux systèmes de freinage), précise Thomas Hampe-Kautz, fondateur de Ohm & Watt. Les kits regroupent moteur, batterie, contrôleur, capteur de pédalage et écran, pour un total de 4 à 7 kg selon la configuration. Trois implantations de moteur existent selon vos besoins.
Avant de choisir : posez-vous les bonnes questions sur votre utilisation (sport, quotidien, dénivelé, fréquence), votre budget et votre terrain de jeu préféré.
Pas besoin de passer chez le garagiste pour durcir les freins : selon Thomas Hampe-Kautz, la vitesse moyenne d’un VAE n’est guère supérieure à celle d’un vélo classique (respectivement 20 km/h contre 17), les freins d’origine suffisent donc… du moment que le vélo est en bon état et le kit bien homologué. Côté assurance, la responsabilité civile s’applique tant que le montage est conforme à la réglementation, mais un petit coup de fil à votre assureur ne fait jamais de mal.
Installation : bricoleur dans l’âme ou adepte du service clé en main ?
La plupart des fabricants vantent une installation « simple », réalisable en quelques heures grâce à des tutoriels et vidéos — mais attention à ne pas se transformer en Frankenstein du vélo ! Manipuler une batterie, ce n’est pas tout à fait comme changer une chambre à air. Si vous êtes moins à l’aise avec les outils, sachez que l’offre de montage s’est bien développée : Ohm & Watt à Strasbourg, VélotechLyon, Electribe à Paris ou Avec ton vélo à Lille proposent de vous équiper, en atelier ou parfois directement à domicile. Plusieurs acteurs travaillent aussi avec des partenaires (Virevolt, Reebike, À bicyclette Paulette, Syklo…) et assurent un service après-vente, parfois même à distance.
Pour alléger encore la note, sachez que certaines métropoles proposent des aides à la conversion : Paris et Lyon jusqu’à 400 €, Toulouse et Bordeaux 250 €, Strasbourg 150 €. Certaines régions ajoutent leur grain de sel, avec jusqu’à 200 € en Île-de-France ou dans le Grand Est, à condition d’utiliser un kit homologué et, parfois, de faire installer le tout en atelier agréé.
Alors, prêt à électriser votre quotidien ? Avec un peu d’astuce, on peut réconcilier porte-monnaie, mobilité verte et plaisir de rouler… sans suer sang et eau à chaque virage.







