Oubliez les idées reçues sur le vélo électrique réservé aux paresseux ! Une grande étude européenne vient bousculer les certitudes : le vélo à assistance électrique (VAE) ne se contente pas de ménager vos mollets, il pourrait bien vous pousser à pédaler encore plus que votre vieux biclou traditionnel… et c’est la science qui le dit.

Quand le turbo du vélo électrique vous fait sortir… de la sédentarité

La scène est familière : une côte à n’en plus finir, la sueur perlant sur le front, la tentation du VAE devient irrésistible. Les chercheurs de la revue scientifique Transportation Research Interdisciplinary Perspectives se sont penchés sur ce phénomène bien connu des urbains en quête de mobilité douce. Et ils n’y sont pas allés de main morte : 10 000 adultes, répartis dans sept grandes villes européennes, étudiés pendant deux ans. Pas du micro-échantillon !

Ces volontaires, cyclistes aguerris, débutants ou fidèles du vélo électrique, ont tous été scrutés dans leurs déplacements quotidiens. Verdict ? Les cyclistes, VAE ou pas, montent en selle avec la même assiduité et consacrent chaque jour le même temps au vélo. Sauf que les e-bikers, propulsés par la magie de l’assistance, avalent bien plus de kilomètres : en moyenne, 9,4 km contre 4,8 pour les puristes du muscle.

Résultat du calcul métabolique hebdomadaire : un score légèrement supérieur pour les utilisateurs de VAE (4 463) par rapport aux cyclistes classiques (4 085). Comme le souligne Nicolas Barizien, chef de service à l’hôpital Foch, « si l’on repousse le moment où l’effort devient pénible, on arrive à en faire plus. Donc les longues balades en VAE, ça compense ! »

Plus de coups de pédale, moins de démotivation : le VAE séduit

L’étude révèle aussi qu’au-delà du compteur kilométrique, le vélo électrique rend la pratique plus régulière. Le professeur Jean-Luc Bosson du CHU de Grenoble rappelle qu’avec un VAE, on n’a plus peur de finir trempé de sueur ou lessivé par un crachin automnal. Bilan : on laisse plus souvent la voiture au garage et on retrouve le goût du déplacement actif.

  • Les e-bikers n’hésitent pas non plus à ressortir de temps en temps leur bicyclette classique.
  • Le VAE fonctionnerait donc aussi comme une passerelle vers des efforts plus intenses… voire un retour au vélo musculaire pour certains !

Nicolas Barizien l’affirme : « Certaines personnes se remettent à une activité physique par le vélo électrique, y prennent goût et passent au vélo musculaire par la suite. D’autres restent au VAE mais gardent une belle activité. » Pour les cyclistes avertis, pas besoin de changer ce qui fonctionne ; pour les autres, le bon conseil, c’est de continuer à son rythme, sans pression.

Ne dites plus que le VAE est pour les flemmards !

Le vélo électrique mobilise les mêmes muscles que son cousin non assisté. Si quelques voix grinçantes pointent l’absence de « vrai sport » (le docteur Jean-Christophe Miniot parle même d’un gain « très très faible » pour la santé), la majorité des experts relativise. Tout dépend du profil de l’usager et de l’intensité de l’effort. Le conseil des médecins ? Adapter le niveau d’assistance selon le terrain : moins d’aide sur le plat, pour relancer la machine humaine.

Autre avantage majeur du VAE : il permet aux personnes moins entraînées, en surpoids ou démotivées de se (re)mettre au mouvement. Une étude suisse menée en 2018 avec des personnes en surcharge pondérale a montré que le groupe VAE, parti trois jours par semaine, améliore son endurance aussi bien que les autres, tout en avalant pentes et kilomètres à meilleure vitesse.

Pareil en Allemagne : une observation chez 101 salariés a révélé que ceux qui se rendent au travail en VAE s’activent bien plus sur la semaine (quatre fois plus!) que les adeptes du vélo traditionnel, même si chaque sortie sollicite 30% d’effort en moins. La fréquence prime sur l’intensité pure.

Du sport… ou simplement une excellente nouvelle santé ?

Toutefois, attention aux généralités : la littérature sur le sujet recense des études contradictoires, parfois limitées par la taille des échantillons ou la durée des tests. Quoi qu’il en soit, la question ne serait pas tant de déterminer si le VAE vous transforme en champion olympique, mais s’il vous aide à fuir la sédentarité. Sur ce point, le professeur Bosson est catégorique : « L’enjeu de santé publique, ce n’est pas le sport, c’est la lutte contre la sédentarité. »

À l’heure où l’OMS pointe l’inactivité physique comme la quatrième cause de mortalité prématurée dans le monde, toute occasion de se remettre en mouvement est bonne à prendre. Alors, que vous soyez sur la selle d’un VAE flambant neuf ou agrippé à votre fidèle vélo sans assistance, n’oubliez pas la consigne : tant que vous pédalez, vous avez déjà tout bon !