Photo : lectrice assidue d’un grand quotidien sportif, Eva souhaite maintenant nous éclairer sur le cyclisme féminin.

[dropcap size=small]E[/dropcap]n voilà une bonne nouvelle pour Le Dérailleur : Eva Mottet nous fait l’honneur de rejoindre notre équipe. Quoi de mieux pour vous que de la découvrir dans notre nouveau « En tête à tête » ?

Difficile de ne pas poser une question sur ton père au vu de son immense palmarès, est-ce lui qui t’a insufflé la passion pour le cyclisme ?

Oui sans doute, le monde du vélo a toujours été présent depuis mon enfance mais on ne m’a jamais poussé à faire du cyclisme, le choix s’est fait naturellement, j’aime ce sport !

Petite, j’adorais faire du vélo dans le quartier, découvrir de petits chemins, sauter des murets, … Puis j’ai pratiqué d’autres sports en compétition sans pour autant me désintéresser du cyclisme (je sillonnais toujours le quartier sur mon vélo !). C’est suite à une blessure au pied en 2011 que je me suis réellement tournée vers le cyclisme en compétition. On peut quand même dire que je suis tombée dedans quand j’étais petite !

Après ta chute sur les mondiaux de 2012, as-tu eu du mal à te remettre en selle ?

Malgré moi oui, car lorsqu’on chute lourdement certaines séquelles se révèlent au fur et à mesure de la reprise de l’activité. Elles se sont manifestées pas une multitude de soucis que je n’avais pas avant ma chute.

J’ai donc passé une première partie de saison difficile et j’ai préféré prendre du temps pour me soigner durablement plutôt que de m’acharner sur le vélo. Ça n’est pas encore « parfait » mais ça va beaucoup mieux aujourd’hui, j’ai pu reprendre tranquillement le vélo en pensant à la prochaine saison.

Quel regard portes-tu sur les mondiaux qui viennent de se terminer ?

On a assisté à de très beaux championnats du monde sur un parcours très difficile (encore plus corsé avec des conditions météo extrêmes pour la course des pros) favorisant des courses de mouvement qui se sont offerts aux plus forts.

On a eu de très belles révélations et confirmations dans les catégories jeunes (Mohric, Van der Poel, …) avec notamment deux belles médailles pour l’équipe de France : le titre de Séverine Eraud en CLM chez les juniors filles et la médaille d’argent de Yoann Paillot (CLM U23). C’est de très bons augures pour la suite !

Quels sont tes principaux objectifs pour la saison à venir ?

Le premier sera d’être en forme, sans problèmes de santé. J’essayerai de faire du mieux possible sur chaque course, le but étant de retrouver un niveau performance élevé, qui je l’espère, me conduira vers des sélections en équipe de France pour participer à certaines courses internationales. L’objectif majeur restera les championnats de France fin juin, en CLM et la course en ligne.

En rejoignant notre équipe, n’as-tu pas peur de dérailler lors de tes prochaines courses ?

C’est un risque que je suis prête à prendre ! Un déraillement intempestif ne remettra rien en cause quant à mon arrivée dans l’équipe !

Quel est ton meilleur souvenir sur le vélo ?

J’ai déjà vécu de belles émotions sur le vélo en peu de temps et c’est assez difficile de choisir un souvenir. Tout est allé très vite pour moi lors de ma première année de vélo (2012), j’ai beaucoup de bons souvenirs : ma 4ème place à Sauternes en 2012 où j’avais fait plus de 80km d’échappée avec Pascale Jeuland, ma participation aux championnats d’Europe et du Monde en CLM et en ligne et mes résultats en CLM sur ces deux évènements (4ème aux Europe, 6ème aux mondiaux).

Plutôt Cancellara ou Sagan ?

C’est un choix compliqué car ce sont deux très grands champions. Ce sont définitivement des coureurs de grande classe ! On ne peut qu’admirer Spartacus, son palmarès est extraordinaire, ses démonstrations de force sur les classiques (face à Sagan notamment) forcent le respect ! J’aime aussi beaucoup Sagan qui ajoute une touche de folie, de fun, avec son fameux wheeling (je m’entraine mais il y a encore du boulot !) Sa maîtrise sur tous les types de terrains (sprint, arrivée pour puncheur, classiques, … sauf la haute montagne) est impressionnante à seulement 23ans!

Et sinon pour mieux te connaître en dehors du vélo

Quelle est ta chanson ?

Queen, “Don’t stop me now” et Aaron, “Seeds of gold”

Quelle est ta ville préférée ?

Lyon pour ses bons restaurants et Chamonix pour ses pistes de ski !

Quel sport suis-tu à part le cyclisme ?

J’essaye de suivre tous les sports : athlé, ski, basket, rugby, tennis, natation, foot, … tout y passe ou presque ! Je suis passionnée de sports.

Un modèle dans la vie ?

Je n’ai pas vraiment de modèle mais j’ai un profond respect et une grande admiration pour des champions comme Johnny Wilkinson et Rafael Nadal.

Ce qui t’énerve le plus ?

L’injustice, la malhonnêteté.

Que souhaites-tu apporter au Dérailleur ?

Je souhaite apporter un regard «de l’intérieur» parfois décalé sur le monde du vélo et plus particulièrement sur le cyclisme féminin pour faire partager aux lecteurs la saison, le quotidien des cyclistes, leurs difficultés, leurs réussites, leurs rêves … qui restent souvent méconnus.